La boîte d'Anne Gaëlle Balpe

 Percutant

Deux jeunes trouvent une boite sous un banc. Un mot leur propose de l'argent en échange d'un tout petit service. Ils hésitent mais acceptent, car quand on a une mère malade et alcoolique, ou qu'on est orphelin avec une belle-mère toxicomane, tout gain d'argent est le bienvenu. En plus c'est simple, il suffit de transporter une glacière !

Oui mais qui y-a-t-il dans cette glacière ? A jouer avec le feu, ne risque-t-on pas de se brûler ?

Un roman noir à l'écriture percutante, l'action rapide, très musclée, des scènes dures car violentes. Encore une fois cette collection propose un titre pas anodin, qui fait réfléchir et bouscule les codes de la littérature de jeunesse.

 Sarbacane, Coll Exprim , 2015   Public : grands ados à partir de 15 ans 

L'incertitude de l'aube de Sophie Van der Linden

 Poétique et dramatique

Anushka est ravie d'entrer à l'école, accompagnée de sa meilleure amie et de son grand-père. Mais tout s'assombrit quand des terroristes arrivent et enferment femmes et enfants dans un gymnase.

L'horreur commence, car pour faire pression, on les prive d'eau et de nourriture.

Sophie Van der Linden, experte en littérature de jeunesse, nous avait déjà proposé un très beau texte avec La fabrique du monde un regard sur notre société et les hommes à travers une histoire d'amour interdite dans une usine en Chine.

Là, le sujet se fait encore plus grave et horrible. On apprendra rien de ces terroristes habillés de noir, ni sur leurs revendications, tout passe par le regard et les pensées de la petite fille.

L'écriture reste légère, poétique. Des phrases courtes, percutantes, on se surprend à les repéter à haute voix pour en savourer toute la beauté. La petite s'évade par l'imagination et le lecteur la suit. Cette situation s'est produite en Russie, un écho terrible sur la folie des hommes. 

Buchet Chastel, 2014   Public : adultes

Ceux qui me restent de Damien Marie - illustrations de Laurent Bonneau

 Père et fille

Florent, 70 ans, vit dans une maison de retraite. Ses pensées vont sans cesse vers sa petite fille qu'il a perdue sur un bateau. Ah sa Lilie, comme il aimerait la revoir, rien qu'une fois.

Cette dernière, adulte, vient le voir chaque semaine mais il ne la reconnait pas. Elle se sent si loin de lui. Pourtant, veuf de bonne heure, ils étaient proches, à une époque.

Que s'est-il passé ? La maladie va-t-elle les aider à se retrouver ?

La maladie d'Alzheimer est traitée tout en en retenue, on est touché par l'histoire et les illustrations sont superbes. 

Un très bel album.

 

 Grand Angle, 2014    public : adultes

Broadway Limited : T1 un diner avec Cary Grand

 Tourbillonnant

Jocelyn a quitté famille et pays pour arriver à la pension Giboulée. Il a obtenu une bourse pour étudier et poursuivre ses études de pianiste. Nous sommes aux Etats-Unis, à New York en 1948. Son bel enthousiasme va s'estomper car à la pension Giboulée, on n'accepte que les jeunes filles.  Avec son innocence, il arrive à convaincre les propriétaires de le garder et va vivre au sous-sol.

Avec son talent habituel, Malika pose ses personnages, les fait vivre. Elle les croque avec sympathie et petit à petit les pièces du puzzle s'assemblent car au début c'est un tourbillon de personnages. Que ce soit Chic, Dido, Manhattan, Hadley : ces apprenties comédiennes ou danseuses, sont toutes pétillantes de vies, parfois naives, amoureuses, heureuses, tristes, elles cherchent LE role qui les révelera.

A travers le regard de notre french boy, nous découvrons la vie de l'époque avec des côtés amusants (découverte de la pizza, des hamburgers) et plus noirs comme la chasse aux communistes.

Combien d'heures Malika a-t-elle passé à écrire ce texte ? Je n'ose l'imaginer. C'est tellement riche, cela fourmille : des bons mots, de l'humour, des références musique et cinéma, bien sûr,  et une histoire labyrinthe qui nous emmène sans qu'on s'en apercoive ici et ailleurs.

Pour une fois, j'ai pris mon temps pour lire, en savourant l'écriture si dense et précise, chaque mot a sa place, c'est ciselé avec minutie. Connaissez-vous d'ailleurs l'expression des cheveux calamistrés ? 

Tous les personnages nous intriguent, même les seconds rôles. J'ai ressenti une tendresse particulière pour la courageuse Hadley.

Un petit bijou de presque 600 pages... On est d'accord pour patienter un peu mais Malika on aimerait bien lire un jour la suite... 

Ecole des loisirs, 2015         Public : bons lecteurs à partir de 13/14 ans et adultes   

 

 

La Princesse qui n'avait pas de fortune d'Ursula Jones, ill. de Sarah Gibb

 Allez, une histoire de princesse !

Il était une fois une princesse qui vivait dans un chateau avec son père. Tout commence bien comme un conte mais en fait le chateau est dans un piteux état. Elle essaie maladroitement de faire face avec un père inventeur raté, plongé dans ses rêves. Lorsque le prince voisin l'invite pour un bal, elle ne répond pas, pas d'argent pour acheter une robe. Pourtant....

Un conte de fées, fidèle au genre, avec une belle princesse, un gentil prince, un matou sympathique. Les illustrations de Sarah Gibb apportent un réel plus à l'histoire alternant des illustrations colorées et des dessins en noir et blanc tout en finesse. Un regard aussi sur les a priori et les différences sociales.

Un succès garanti auprès des petites filles et peut-être des garçons ?

 Gautier-Languereau, 2014   Public à partir de 5/6 ans